“Grand débat” sur l’école: avis du groupe école 35
Il est significatif que, dans un texte ministériel distribué à des milliers d’exemplaires, et destiné à alimenter le « grand débat » sur l’école, le terme de démocratie ne figure jamais.
Sous la tutelle d’une administration entièrement fermée à toute innovation et à toute initiative du corps professoral, le modèle éducatif actuel oblige les enseignants faire face à des classes dont les effectifs sont démesurés. Dès le départ, les enseignants sont placés dans un rapport de force qui les contraint à produire un monologue ou, au mieux, une animation devant leur public incertain. Et ils sont obligés de faire preuve d’une autorité primaire pour obtenir une discipline préalable au déroulement normal de leur travail.
Cet exercice d’autorité préalable désactive l’autorité naturelle inhérente au porteur de connaissance, et qui devrait avoir effet dans une vie scolaire sereine, et dans le respect mutuel des personnes et des biens.
Pourtant, existent des modèles pédagogiques élaborés au sein du mouvement Freinet ou dans le cadre de l’ancien CNIRS (Conseil national à l’innovation et à la réussite scolaire, créé par Jack Lang) à travers lesquels auxquels ce problème ne se pose plus à cette échelle.
Dans ces modèles, il est possible d’adopter des méthodes actives et résolument ouvertes à la personne - élève, au sein de groupe-classes d’une douzaine d’individus seulement, sans qu’il soit nécessaire d’augmenter les moyens ou le temps nécessaire à l’enseignement. En outre, dans ces modèles, il est également possible de travailler en équipe de façon coopérative et démocratique.
Mais ici, pour le débat national, la question concernant l’école de demain n’est pas posée sur son plan pédagogique, mis à part le niveau d’autorité qui est remis en interrogation, elle est posée pour son adéquation possible avec le monde du travail et ses filières professionnelles. En bref, si la question de la diversité culturelle est rapidement évoquée, l’essentiel porte sur des types précis de réussite scolaire avec des perspectives d’orientation propre à un appareil de production économique dans lesquelles la dimension humaine de cette diversité n’apparaît guère.
Le groupe école 35 invite donc tous ceux qui partagent ce point de vue à participer au débat officiel pour interpeller les participants sur ces positions.
hiver 2003/2004
Gilles Guyon
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