define('WP_CRON_LOCK_TIMEOUT', 300); Sur la démocratie | Ecole expérimentale

Ecrit le 9 Avril 2009 par G. Lefeuvre

Auteur : Gaëlle Lefeuvre

Il m’apparaît comme essentiel de faire figurer au premier plan d’un projet de création d’un établissement scolaire innovant les caractéristiques de la relation éducative que l’on souhaite y mettre en œuvre.  Le reste  (emplois du temps, méthodes employées, constitution de groupes) n’est  au final qu’un ensemble d’outils (du reste depuis longtemps repris par l’Education Nationale dans des établissements dits « classiques » en ce qui concerne des méthodes dites « actives ») au service de ce qui doit se jouer au travers de cette relation..

Quelle éducation voulons-nous? 

Puisque Marcel Gauchet est à la mode, on peut lui emprunter quelques réflexions: « Il s’agit de donner l’idée, en un mot, de ce que peut-être une philosophie de l’éducation. Philosophie politique, donc, parce que la source dernière des problèmes auxquels nous avons à faire tient à la conversion du projet démocratique en pratiques éducatives. »

Si l’éducation que nous voulons mettre en oeuvre se réclame d’une éducation à la démocratie, elle se doit d’être elle-même démocratique. Si elle se veut démocratique, elle doit donc reconnaître l’expression de contradictions qui la traversent, jouer sur ces contradictions pour évoluer. Si elle se dit « innovante » en ce sens, c’est qu’elle est consciente d’un manque à ce niveau dans le système éducatif dit « classique ». Et si elle formule d’autres propositions, elles doivent être basées sur ce préalable « démocratique », et donc reconnaître la place de l’élève comme sujet.

Etre innovant, c’est à priori être progressiste. « La principale tâche de la pratique éducative progressiste, c’est le développement de la curiosité critique, insatisfaite, indocile.» pense P. Freire.

Cela ne peut se faire sur la base des rapports enseignant-élève tels qu’actuellement établis dans notre système « classique » d’éducation, qui ne favorise pas l’expression, l’analyse et la délibération (bases d’une société démocratique au sens de P. Ricœur), système rejetant pas essence l’ «indocile». Réfléchir sur les rapports de pouvoir et d’autorité qui dirigent actuellement les relations scolaires est forcément un préalable à toute tentative éducative « différente ».

C’est là qu’interviennent aussi les difficultés, car la capacité de la structure à favoriser de tels rapports implique la mise en œuvre d’une pédagogie institutionnelle et la capacité pour chaque membre de la « communauté éducative » de « re-questionner » non seulement ses pratiques mais aussi - et ceci allant de toute façon de pair - ses rapports à l’élève et au pouvoir. L’aptitude au « décentrement » que cela implique ne fait pas partie des enseignements dispensés à l’IUFM (et ne le sera pas plus après la masterisation, si elle advient.)

Les enseignants, partie prenante du projet, ne peuvent qu’y adhérer totalement, ce qui implique une longue réflexion préalable s’ils n’ont pas un tant soit peu d’expérience  hors Education nationale.  

«Il faut qu’il soit clair, dès le début, que le formateur se forme et se reforme dans son implication à l’acte de former, tout comme le formé se forme et se forme le formateur.» dit encore P. Freire.

J’y crois profondément, et au-delà des formules, c’est à l’épreuve des faits qu’il faudra se confronter : quelle formation à l’écoute, au décentrement, quelle réflexion politique commune (notamment comme je l’ai dit celle du pouvoir) pourra avoir l’équipe? Ce sont des questions essentielles. 

Ajouter une contribution.

Apuyez sur CTRL et utilisez la molette de votre souris pour zoomer. Accès handicap