define('WP_CRON_LOCK_TIMEOUT', 300); La violence à l’école | Ecole expérimentale

Ecrit le 19 Avril 2009 par Claude-Paul Padroni

Article rédigé par Claude-Paul Padroni, inspecteur de l’Education Nationale

 

I. Causes

 

A) Environnementales

- Familiales, locales : relations ou manque de relations avec les adultes et l’autorité (éducation, pas de « non » vis-à-vis de l’enfant dans la famille…),

- Sociétales :

- Télévision : enfermement sur soi, individualisation poussée,

- De plus en plus de diplômés = exclusion des autres…

- Hiérarchisation sur des bases non claires : pouvoir du fric, de l’Etat, du patron…

- Vocation à être dominé durant toute sa vie,

- Réaction par rapport aux parents : ne pas faire comme eux, ne pas se laisser exploiter…

- Economiques :

- Chômage mondial,

- Avenir bouché,

- Exemple donné par les frères, sœurs, parents qui échouent…

 

B) Scolaires

- « Obligation » scolaire jusqu’à seize ans… avec désir de gagner sa vie ou de ne rien faire…

- enfants, ados, élèves jugés par les adultes en permanence (pouvoir parental, pouvoir enseignant, pouvoir policier, pouvoir commercial, pouvoir médical…)

- rejet = non respect de normes,

- critères de jugement des adultes pas toujours très clairs (voire subjectifs),

- constat souvent sans proposition pour remédier,

- LP = regroupement d’élèves exclus du système éducatif (en difficulté pour non respect de normes d’âge en particulier),

- LP = formation de « dominés dominés » (cf. Bourdieu),

- Professeurs se retranchant derrière des armures pour se justifier :

- Classes surchargées,

- Programmes à respecter, examen en bout de formation,

- « de toutes façons ils ne veulent rien faire »…

- Professeur ne sait pas (ne peut pas) diagnostiquer, remédier : il n’a pas de formation sur ces points…

- Missions impossibles fixées au système éducatif (loi de 1989) :

- « former » (et non enseigner) des jeunes,

- former des adultes,

- insérer professionnellement,

L’Education Nationale ne peut rien seule dans ces trois domaines…

- Professeur doit enseigner… Quel est son rôle exact ? Jusqu’où aller ?

 

II. Forme/ expression

 

A) Objectifs

Le jeune veut prouver et se prouver :

- qu’il existe,

- qu’il n’est pas d’accord avec le monde qui l’entoure,

- que si l’on n’est pas d’accord alors il faut le dire et ne pas se résigner, suivre bêtement les ordres…

- il faut reconstruire un autre monde…

 

B) Le comportement du jeune

Grades, degrés dans la violence :

- Signes de reconnaissance, d’appartenance à un groupe que l’on se crée :

- Tenue vestimentaire,

- Langage,

- Mode d’expression (rap, intonations, volume de la voix, style…),

- Volonté d’exclure les autres par rapport à ces nouvelles normes fixées par le jeune,

- Non réponse aux sollicitations des adultes,

- Reconnaissance d’un (ou de plusieurs) leader(s)

- Organisation de clans,

- Rencontres, bavardages,

- Activités

- Techniques : on répare la mob,

- Sexuelles : on drague, on s’affirme par la cigarette, puis la boisson, puis la drogue,

- D’affirmation de soi par rapport à la société, aux autres : vol, racket,

- Défis : entre adolescents d’abord (violence entre jeunes), face aux adultes ensuite,

- Violence verbale, morale, matérielle, physique…

- Bandes rivales (luttes ouvertes quelque soit le lieu, y compris à l’école),

- Casse.

Mais aussi :

- Refus d’assimilation à un groupe,

- Renfermement sur soi, absentéisme, risque de violence contre soi…

 

C) La perception du jeune par l’adulte

- pour le prof : « il ne sait rien et il ne veut rien faire ».

- pour les parents :

- « il en sait plus que moi ».

- « moi je n’ai pas réussi à aller jusque-là ».

- « je travaille, je n’ai pas le temps ».

- « il va fermer sa gueule ce sale petit con… ».

- « de mon temps… ».

- « si j’avais osé dire çà à mon père, il me tuait… ».

- « j’étais comme çà à son âge, c’est tout moi… ». 

D’où : exclusion, fossé, révolte, règles contestées (non comprises).

- Violence = spontanée, irréfléchie, incontrôlable sur le coup (il faut la laisser passer).

- Agressivité = volontaire.

 

III. Remèdes : non, conseils : oui

 

  1) Il n’y a pas de remèdes, de solutions-types…

  2) Il ne faut, en aucun cas, rater son premier cours : c’est là que les règles se fixent :

- se baser sur le métier qui fixe des lois à respecter, qui s’imposent à nous,

- donner l’exemple par son attitude,

- s’imposer,

- énoncer des règles précises, non négociables (sanction = possibilité d’un capital points pour le savoir-être avec un jugement par plusieurs personnes - attention au tribunal -).

  3) Ne pas sortir de son rôle de professeur : il ne s’agit pas d’être un père ou une mère, un médecin, un flic, un assistant social, un copain, un frère…

  4) Ne jamais faire face à des comportements agressifs.

  5) Attention à l’humour (il peut être mal interprété individuellement ou collectivement).

  6) Auto-analyser ses paroles, ses gestes, ses vêtements… et la perception qui en est faite par les jeunes.

  7) Contrôler le volume de sa voix : plus on parle haut, plus on appelle des hurlements…

  8) Ne jamais travailler seul(e) sur un problème de violence- en parler à l’administration, au médecin, à l’assistante sociale,- amener l’élève victime à s’exprimer vis-à-vis d’une personne compétente,- amener l’équipe à prendre en charge les décisions…

  9) Demander, solliciter, gérer l’expression (écouter) : des ateliers de parole peuvent permettre une expression, une animation de groupes par des professionnels peut aussi se dérouler sur des thèmes précis (SIDA, drogue, violence…).

10) Se faire connaître sous un autre aspect que celui du professeur (activités extrascolaires) sans devenir un copain : atelier photo, organisation d’un rallye, d’un voyage…

11) Rencontrer les parents, y compris sur leurs heures de liberté (à midi, le samedi, le soir…). Utiliser le téléphone en cas de problème.

12) Expliquer le jugement (note = contrat) et donner des solutions pour améliorer son score, valoriser les réussites.

13) Solliciter d’anciens élèves qui ont réussi pour faire part à la classe de leur cheminement.

14) En seconde professionnelle, organiser un moment d’accueil pour permettre de se situer : jeu de piste aboutissant à un document permanent contenant les renseignement recueillis, le règlement intérieur également…

15) Fournir des informations sur les sections, les démarches… dans les collèges, aux parents.

16) Associer les personnels de service (ils sont souvent très proches des élèves).

17) Attention : absentéisme peut entraîner inactivité, dépression, violence de l’élève envers lui-même.

18) Organiser des activités scolaires basées sur le concret, la découverte, l’intérêt des jeunes (exploiter des émissions de télévision, des sujets qui les intéressent).

19) Amener les jeunes à travailler en commun, à s’écouter, à coopérer, à partager (un travail, un loisir, un gain), à aider l’autre.

20) Amener une « libre expression » : sans jugement de l’autre, permettant à chacun de parler s’il le désire, faisant surgir des règles de fonctionnement à respecter, amenant l’exclu à prendre conscience de ses possibilités, du fait qu’il est apprécié…

21) Préciser les buts à atteindre (qui peuvent être différents d’un élève à un autre) et les moyens mis en œuvre pour y arriver.

22) S’éloigner des méthodes traditionnelles d’enseignement (causes de leur échec) :

- pédagogie de la réussite,

- travail en équipe (montrer une unité des professeurs aussi),

- outils communs,

- pédagogie de contrat,

- évaluation formative, (avec préparation des jeunes à ces techniques).

 

Claude-Paul Padroni

 

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