define('WP_CRON_LOCK_TIMEOUT', 300); Réussir en sixième | Ecole expérimentale

Ecrit le 4 Novembre 2009 par Jean Le Bras

Cet article a été rédigé par Jean Le Bras (novembre 1990)

Il est d’usage d’insister sur le niveau des connaissances à acquérir pour l’entrée en 6e. Mais, s’il est évident que certaines connaissances doivent être intégrées pour qu’un élève suive en sixième, un examen plus attentif montre cependant que c’est leur degré d’intégration qui importe et non leur apprentissage formel. En effet, ce sont les capacités dont elles sont l’indicateur et non les connaissances elles-mêmes qui jouent un rôle fondamental dans la mise en place des apprentissages au collège puis au lycée.

L’origine de cet amalgame entre les connaissances et les mé­thodes provient peut-être de ce que ces connaissances durables sont une conséquence de l’acquisition de ces capacités par l’enfant. En effet, une méthode est réellement intégrée lorsque son fonctionnement et son utilisation deviennent invisibles, inconscients, pour l’utilisateur. Si on ne se fonde que sur la mise en place de connaissances sans vérification évaluée des capacités attendues, l’existence de ces capacités reste très aléatoire, voire à peu près sûrement inexistante. Dans ce cas,en se fiant aux tests de connaissance sans s’assurer de la présence des capacités, l’échec, ou tout au moins les difficultés en 6e sont prati­quement la règle.

A l’expérience, on peut s’appuyer sur les deux hypothèses suivantes :

-en se centrant sur les connaissances, on ne met pas obligatoirement en place les méthodes. On peut même se demander si cette centration sur la primauté de la connaissance ne fait pas considérer les méthodes comme négligeables par l’apprenant, (même si telle n’était pas l’intention de l’ensei­gnant). Dans ce cas, les connaissances acquises à un moment donné (fin de CM2 par exemple), sont fragiles à moyen et long terme.

- en se centrant sur les méthodes, l’acquisition de connaissances est automatique, mieux encore, méthodes et connaissances ont alors une permanence à court, moyen et long terme.

 

 

Par observation, nous pouvons dire que la réussite en sixième est due essentiellement à six capacités:

 

- savoir lire, avec une vitesse de 1000 signes par minute et un taux de compréhension de 80%.

- savoir rédiger cinq lignes en 10 à 15 minutes, à partir d’une observation qui est sous les yeux de l’enfant, avec des phrases simples, un vocabulaire simple et précis, une orthographe minimale et une écriture formée.

- savoir lire et exécuter une consigne écrite de 3 lignes sans commentaire oral complémentaire.

- connaître l’organisation et les ressources du manuel scolaire et savoir les utiliser sans incita­tion.

- être capable de sentir la nécessité d’aller chercher un renseignement complémentaire et être capable de le faire en ayant recours à deux ou trois sources différentes dans un temps limité.

-être capable d’organiser son travail dans le temps et dans l’espace.

 

L’existence de ces capacités chez un enfant peut avoir trois origines:

- ou il les acquiert à l’école élémentaire.

- ou on les lui donne en sixième.

- ou la famille supplée aux carences.

La première solution est, évidemment, de loin, la meilleure. La seconde existe, mais de toute manière en 6e, presque toujours, on demandera à l’enfant de mettre ces capacités en application, pratiquement dès le premier jour, à un niveau de maitrise important, qu’il les ait ou non acquises. De fait, c’est la troisième solution qui se rencontre le plus fréquemment. C’est pour partie grâce à elle que l’enfant réussit ou non.

 

Rappelons les trois principaux obstacles rencontrés dans sa mise en oeuvre (mais il y en a bien d’autres).

Dans ce cas de figure:

- la famille ne se rend pas compte du point où elle doit agir. En effet, le contrôle scolaire porte presque toujours sur les connaissances non sur les méthodes. Aussi les parents traduisent-ils la médiocrité des résultats par une nécessité de ” plus de ” , alors qu’il faut faire ” autrement “.

- les objectifs scolaires ne sont pratiquement jamais définis et, pas plus que les enfants, les familles ne peuvent savoir ce que l’on attend d’elles lorsqu’on demande ” que le travail soit réussi. “.

- l’action à la maison est en corrélation étroite avec le niveau socio-culturel de la famille et avec le temps dont elle dispose pour cette action.

Si nous acceptons d’être lucides sur ces problèmes, si nous refusons les alibis qui nous per­mettent de ne pas agir, nous pourrons tous, professeurs d’école et de collège, parents d’élèves, tirer les conclusions de ces observations pour un changement innovant de nos pratiques.

 

L'article “Réussir en sixième” a été commenté.

  1. Par françois fourey

    Il est évident que la réussite ne tient pas aux seules connaissances mais est bien, et supérieurement, liée à l’acquisition de méthodes de travail, elles seules capables d’asseoir un réflexe à l’autonomie et seules capable de faire de l’élève un créateur de son apprentissage. Seul face à une à une tâche donnée contraignante, l’élève aura la capacité de résoudre la difficulté demandée par l’enseignant grâce à la méthode enseignée reposant elle même sur une observation et ensuite sur une analyse réfléchie et consentie. L’élève doit pouvoir construire lui même une règle qu’il pourra ensuite réinvestir à son compte pour tout autre difficulté du même genre. Ainsi la méthode retenue s’estompera avec les pratiques et les connaissances resteront.Il faut apparendre à apprendre.

  2. Par françois fourey

    Ah oui j’oublié! le raisonnement qui consiste à faire de l’élève le créateur de son apprentissage ne doit pas oublier le droit à l’erreur. C’est même indispensable! Raisonner c’est se tromper avant de tirer les bonnes conclusions et avant de conclure que c’est acquis… La culture de l’erreur est source de connaissance.

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