define('WP_CRON_LOCK_TIMEOUT', 300); Propositions pour une réforme de l’Université | Ecole expérimentale

Ecrit le 29 Janvier 2009 par admin

Propositions pour une réforme de l’Université

Introduction

L’organisation de l’enseignement supérieur, proposée en ces pages, correspond à un modèle à vocation internationale inspiré par ce qu’il a de meilleur dans les Universités, tant étrangères que nationales. Elle s’appuie sur des formes déjà existantes, à divers stades de développement, en tel ou tel lieu. Il s’agit d’un modèle simple dont il est pressenti que l’adoption est inéluctable dans tout pays voulant maintenir son niveau de qualification au sein d’une économie globalisée dont le premier moteur est la haute technologie ou les services de haut niveau. Dans ce souci, cette proposition d’organisation vise à en finir avec une anomalie française dont la conservation risque de déclasser durablement la France en tant que grande puissance économique et culturelle.

I. Des cursus fondés sur la recherche et la formation professionnelle

A) Engager l’étudiant dans la recherche et lui assurer une formation professionnelle

1) Licence, maîtrise et doctorat

Jusqu’à la fin de la licence, et dès le premier jour, l’étudiant est engagé dans un travail de recherche guidant l’esprit à travers toute l’étendue d’un savoir spécifique. L’assimilation solide de ce savoir survient comme résultat d’un cheminement personnel, propre à l’étudiant. Les universitaires sont les directeurs de recherche qui se chargent de percevoir où chacun de leurs étudiants se situe, à tout instant, dans ce cheminement. Les entretiens fréquents et publics entre l’étudiant et son directeur de recherche deviennent le moyen à privilégier pour guider le processus d’assimilation. C’est la méthode d’Oxford.

Dans cette optique, l’étudiant est évalué à partir des entretiens, de ses exposés, de ses rapports de recherche et de l’importance qualitative et quantitative de ses découvertes. A ce niveau, par « découverte », il s’entend le « dévoilement pour soi » - au sens philosophique du terme - d’un corpus de connaissances. Cette évaluation porte donc, de façon indissociable, sur le degré d’appropriation et l’érudition.

Ce corpus est censé se trouver, au préalable, très précisément jalonné et organisé en un système cohérent dans l’esprit de l’universitaire chargé du suivi de ses étudiants.

Dans son parcours, l’étudiant devrait pouvoir, le plus souvent possible, recourir aussi bien à l’éclairement de ses directeurs de recherche qu’au patrimoine culturel disponible tout autour de lui, auprès de toute personne ou dans les bibliothèques. A ce titre, des groupes coopératifs d’apports mutuels sont à envisager avec, par exemple, des étudiants tuteurs pour les nouveaux venus ou pour répondre à tel ou tel questionnement.

En parallèle, l’étudiant peut être employé par les équipes de chercheurs en place pour des tâches spécifiques en fonction de ses compétences et de ses besoins de développement. Ces tâches, utiles aux laboratoires, s’inscrivent dans un programme de formation de l’étudiant. Celui-ci, d’abord simple auxiliaire, est censé devenir au fil du temps partenaire coopérant.

Contribuant ainsi de façon utile à la production du laboratoire, l’étudiant sera, à ce titre, rémunéré.

L’expérience de l’étudiant en laboratoire est admise comme stage de qualification professionnelle. Cet acquis s’ajoute à celui obtenu lors des stages effectués en dehors de l’Université.

Une harmonisation serait à envisager entre les stages en laboratoires intra et extra universitaires sans la prévoir comme systématique. Il se devine en effet que cela dépend de l’offre de stages par la sphère sociale et des types de spécialisation. Quand, en laboratoire, l’étudiant est devenu un partenaire coopérant, il devient sans doute, pour lui, intéressant d’approfondir son expérience au sein d’un secteur d’activité similaire dans la sphère sociale non universitaire. Mais il n’est pas automatiquement en mesure de se spécialiser ; il se peut même qu’il n’ait aucunement intérêt à le faire si le monde du travail n’est pas à même de l’employer. Dans ce cas, une qualification autre lui sera peut-être plus utile au sortir des études.

- En maîtrise, la recherche porte sur l’extension possible des savoirs académiques acquis et assimilés, sur l’ouverture de passerelles vers la découverte pionnière, innovante. Autrement dit, c’est le moment où l’étudiant envisage d’enrichir le patrimoine de connaissances et d’ouvrir un chemin vers des horizons encore inexplorés. C’est à l’universitaire de jalonner cette extension et d’éclairer l’entrée des chemins possibles.

- En doctorat : en fonction des approches fondamentales acquises en maîtrise, l’étudiant s’engage plus en avant dans la recherche avec, cette fois, l’objectif d’aboutir à la découverte pionnière, innovante ou d’y contribuer de façon décisive. C’est le niveau du doctorat tel qu’il est également conçu à Oxford.

Autrement dit, la maîtrise ouvre et le doctorat clôt le processus de recherche pionnière à l’étape de la formation finale de l’étudiant.

2) Le cursus par les stages

La formation universitaire ne saurait avancer dans des conditions saines sans un engagement permanent dans l’ensemble de la sphère économique et sociale, seule à même d’apporter un réalisme pratique et une qualification professionnelle immédiatement adaptée.

Dans ce but, il est donc suggéré d’établir un cursus de stages qui pourrait devenir la suite logique de ceux effectués dès l’âge de quatorze ans au niveau de l’enseignement secondaire.

Au niveau universitaire, il sera systématiquement envisagé que ces stages soient utiles à la fois à la société et à l’étudiant lui-même. Ce seront donc davantage des stages en situation que des stages en observation, même si l’observation s’avère incontournable dans un premier temps.

Il sera donc nécessaire qu’une commission universitaire évalue et classe les stages selon leur contenu formateur et selon leur degré de complexité. Elle aurait pour charge de désigner, pour le suivi et l’évaluation des stagiaires, les formateurs universitaires.

Cette commission devrait pouvoir comprendre les représentants de l’Université spécialistes des sciences utilisées dans tel ou tel stage, et les formateurs expérimentés. Elle intégrerait, à titre de conseil et d’organisateurs de stages, les représentants des entreprises ou services privés et publics accueillant des stagiaires et des observateurs étudiants élus. Afin d’éviter tout favoritisme, elle serait soumise à une déontologie légalement définie et ses séances devraient être publiques. Dans cette optique, il faudra prévoir, sur le plan légal, des instances de recours.

Ces formateurs seront en mesure de coopérer avec les responsables des entreprises et services d’accueil au sein même de leurs départements, ateliers ou laboratoires. Il s’agira, pour eux, de garantir en permanence la qualification professionnelle des étudiants stagiaires, d’apporter un arbitrage entre les étudiants et les structures d’accueil et, au final, d’établir un rapport sur les acquis professionnels obtenus par les étudiants. Le titre professionnel sera attribué, après délibération, par la commission. Cela suppose que les entreprises prévoient des fonctions de formateurs au sein de leurs personnels.

L’organisation des stages, intégrée dans le parcours universitaire, devient une obligation légale pour les entreprises publiques ou privées.

En raison de l’utilité des stages dans la formation professionnelle et pour les entreprises, ces stages mériteraient d’être rémunérés à une hauteur permettant à l’étudiant de poursuivre ses études. Pour cette raison, une aide financière sera à prévoir, au coup par coup. Elle émanerait du fonds prélevé sur les entreprises et services publics ou privés et destiné à la formation et d’un fonds alloué par l’Etat au titre du budget de l’Education. Les entreprises et services pourraient percevoir une aide directe pour financer les fonctions de formation à condition de jouer, dans ce domaine, un rôle efficace et de coopérer étroitement avec l’Université.

Cette formation par les stages devra être pensée comme une formation professionnelle complète telle que l’étudiant puisse assumer des fonctions en responsabilité à l’issue de ses études. Par exemple, ceux qui envisagent de devenir professeur auront intérêt à suivre un cycle de stages, à tous les niveaux de l’enseignement, validant ainsi sur une longue durée leur capacité technique à enseigner et leur permettant, une fois la maîtrise acquise, de devenir enseignant à part entière dans leur spécialité théorique. Ce serait la généralisation de ce qui se passe en faculté de médecine - où il n’est pas imaginable de soigner sans avoir été confronté aux malades -, dans quasiment tous les pays.

Dans les pays vieillissants, ce dispositif aura tendance à élargir la proportion d’actifs aux plus jeunes. Simultanément, il permettrait le recyclage dans les activités de formation professionnelle d’un personnel en fin de carrière, élargissant aussi le nombre d’actifs chez les seniors.

B) Les conditions de la recherche

En maîtrise et en doctorat, l’étudiant formule son sujet de recherche qui doit être délibéré, au final, collectivement pour aboutir à un choix servant l’intérêt de l’étudiant et de la communauté. Autrement dit, les critères du choix reposent sur la prise en compte des centres d’intérêt du futur docteur et des nécessités collectives : pertinence du sujet au regard d’une structure de connaissances, besoins et possibilités propres aux équipes de chercheurs en place et contraintes budgétaires.

Pour mener à bien ses recherches, l’étudiant futur docteur coopère avec son directeur et les équipes. A ce titre, le travail en laboratoire devient le prolongement naturel des stages accomplis comme auxiliaire de recherche durant les années de licence.

De la même façon, la recherche doit être rémunérée et cette rémunération supplée aux anciennes bourses d’étude. La recherche, à ce niveau, devient de plus en plus coopérative, mais chaque laboratoire devra veiller à préserver l’entière autonomie du futur maître ou docteur qui se situe dans ce passage spécifique où la formation devient la création.

Le résultat de la recherche doit faire l’objet d’une publication.

La qualité de la recherche est évaluée à travers la qualité des comptes rendus écrits, des exposés et de l’audience des publications. L’exposé prendra la forme de conférence de façon à solliciter le public le plus large possible et le plus grand nombre d’avis. L’importance du public et de ses questions sera également prise en compte dans l’évaluation.

Dans le contexte actuel, l’entrée dans un laboratoire suppose une file d’attente et, par conséquent, une sélection. Pour donner toutes ses chances à tout le monde, il serait intéressant de déterminer trois rangs d’entrée, avec des chercheurs en attente de pouvoir entrer dans un laboratoire, des chercheurs ne participant que partiellement à ses activités et des chercheurs intégrés à part entière. Ces rangs seraient indépendants du statut de chercheur auxiliaire propre au niveau de la licence et pourraient se présenter, dans la durée, comme une échelle d’accès au niveau supérieur.

Il serait intéressant d’aider les chercheurs n’ayant pas pu intégrer une équipe en place à créer leurs propres laboratoires, l’innovation venant très souvent des marges.

C) Un cursus cohérent accompagné d’une formation professionnelle

1) Entre licence et maîtrise

C’est à ce niveau du passage entre licence et maîtrise que les titres universitaires devraient être accordés, la licence à elle seule ne pouvant suffire, comme degré de qualification, à une économie moderne. Autrement dit, l’Université valoriserait maintenant le chercheur en herbe et non plus la simple répétition des savoirs. Nonobstant, le chercheur en voie d’éclosion aura été entraîné dès la première année de licence.

Techniquement, il serait envisageable que l’admission dans un laboratoire au niveau de la maîtrise puisse donner le titre de licencié, ce titre avalisant donc la capacité à devenir chercheur. En définitive, dès la fin des années de licence, il faudrait que tous les étudiants soient aptes à entrer en maîtrise.

Ces titres doivent venir en double de ceux acquis dans les stages de qualification professionnelle. Il se devine que cette qualification puisse permettre d’entrer dans le monde du travail faute de pouvoir intégrer un laboratoire à plein temps ou en attendant une telle intégration. Pour certains, il apparaîtra que la formation qualifiante et celle des laboratoires universitaires auront tendance à se confondre comme, par exemple, dans les disciplines de l’ingénierie. Mais, même dans ce cas, il sera intéressant que l’expérience soit double : dans les laboratoires d’entreprise et dans l’Université, dans une pratique - ou l’application - et dans la théorie - ou le fondamental. L’objectif, pour l’Université, est de produire un étudiant travailleur qualifié adapté au monde moderne et non plus un étudiant sortant d’une parenthèse universitaire pour s’enquérir d’un travail éventuel et indéfini.

2) Le doctorat et les futurs universitaires

Au niveau du doctorat, l’autonomie de l’étudiant devient complète. Il s’agit, en l’occurrence, pour lui, non plus d’éclairer d’un jour nouveau un système de savoir, comme en maîtrise, mais de produire une avancée des connaissances.

Au bout de ce parcours, s’imagine forcément une différence entre celui qui sera parvenu à découvrir, offrant ainsi un enrichissement au patrimoine de l’humanité, et celui qui aura dû en rester à approfondir le travail de maîtrise. Il serait en conséquence intéressant d’utiliser ces deux niveaux dans le jeu des promotions mais également de ne pas fixer une échéance impérative trop courte pour obtenir le titre de docteur. Découvrir, réussite à honorer, suppose du temps non évaluable a priori.

Théoriquement, il serait légitime que les futurs universitaires se recrutent exclusivement dans les découvreurs. Trop peu nombreux, dans l’état actuel, les autres universitaires devront être recrutés selon leur capacité à animer le travail de recherche des étudiants avec deux grades possibles : formateur de niveau licence, formateur de niveau maîtrise et doctoral avec, pour ce dernier, une distinction à faire entre simples animateurs de la recherche pionnière et découvreurs. A ces grades, peut s’ajouter le titre de formateur au sein des entreprises ou services extérieurs à l’Université.

Dans cette optique, il apparaît que le niveau du doctorat joue un rôle déterminant dans la formation des universitaires. Cela suppose des jurys de doctorat sérieux et de la plus grande impartialité. Pour les obtenir, il est nécessaire que ces jurys soient composés réellement comme un tiers parti : leurs membres doivent être neutres vis-à-vis du directeur de thèse, leur questionnement doit être préparé indépendamment du laboratoire de recherche, une composante étrangère serait nécessaire et devrait également être prise en compte l’audience des conférences et des publications.

Enfin, en aucun cas, même une fois le grade final de docteur acquis, la fonction d’universitaire ne saurait être acquise de façon définitive. Des commissions tripartites, avec les pairs du même laboratoire, les spécialistes extérieurs et les étudiants concernés, devraient pouvoir exiger sans cesse d’un universitaire le maintien à un niveau élevé de ses travaux de recherche, de ses conférences, de ses publications et de ses qualités de formateur.

3) Voie professionnelle et formation universitaire

Rechercher une adéquation parfaite entre la formation universitaire et le marché du travail n’est pas souhaitable, car l’Université, même si elle doit aujourd’hui s’adapter davantage, a également pour vocation d’entraîner l’ensemble de la société vers des horizons nouveaux. Par conséquent, comme déjà écrit, il n’y aura pas forcément coïncidence entre la voie professionnelle et la formation universitaire, entre les stages et la discipline étudiée notamment au début de la formation, par exemple jusqu’au niveau de la licence. Mais, il est évident que cette coïncidence sera souhaitable le plus tôt possible. Elle devrait pouvoir devenir systématique au niveau de la maîtrise autant que l’offre en nombre de stages le permette.

Si la discipline de spécialité et les stages ne peuvent coïncider, ces derniers seront renforcés, car l’étudiant a tout intérêt à ce que sa formation professionnelle soit consolidée s’il suit des études ne correspondant pas immédiatement à l’offre d’emploi disponible ; sinon, il risque de se retrouver sans formation adaptée au marché du travail à la fin de ses études.

4) Laboratoires universitaires et secteur public ou privé : dès le niveau de la maîtrise, si possible bien avant, l’étudiant accomplit sa recherche dans les laboratoires existants et animés par les universitaires. Entre ces laboratoires et ceux de la société, la coopération doit être complète, ce qui suppose que chacun d’eux dispose d’un secteur de la recherche appliquée. Dans l’idéal, le stage de l’étudiant dans la sphère économique et sociale devrait être une passerelle entre ce secteur et, par exemple, l’entreprise d’accueil. Lui et l’universitaire en charge du laboratoire devraient servir de messagers entre les besoins d’innovation émanant de cette sphère et l’Université elle-même.

Au sein du laboratoire lui-même, le secteur de la recherche plus fondamentale sera conçu pour pouvoir aisément transvaser ses propres découvertes ou avancées dans le secteur de la recherche appliquée. A ce sujet, des séances de regroupement coopératif des chercheurs seraient à instituer.

La recherche fondamentale sera subventionnée de façon privilégiée par les fonds publics. Le secteur de la recherche appliquée devrait être subventionné de façon mixte : sur les fonds publics et les fonds apportés par les entreprises bénéficiant de la coopération avec ces laboratoires et accueillant des stagiaires.

II. L’organisation de l’Université

A) Coopération Université et entreprises publiques ou privées

1) Les Universités : des « couveuses d’activité »

Il devra être envisagé des dispositifs, au niveau du doctorat, où les Universités puissent devenir des « couveuses d’activités » comme c’est le cas aux Etats-Unis. Pour cette raison, les secteurs des laboratoires spécialisés dans la recherche appliquée devront se concerter avec les laboratoires universitaires spécialisés dans la recherche économique et des représentants de la société spécialisés dans l’innovation technologique.

Sur la base de cette concertation, des programmes d’investissement seront élaborés et aidés de façon tripartite : par les Universités elles-mêmes, les partenaires bénéficiaires (entreprises ou institutions publiques et privées) de ces programmes et l’Etat. L’aide de l’Etat se fera par l’intermédiaire des avis de la commission parlementaire spécialisée dans l’innovation industrielle ou la recherche-développement. Les prêts accordés seront remboursés par les partenaires publics ou privés dès les premiers bénéfices réalisés grâce à ces innovations.

2) Contrats de développement et qualification professionnelle

Il est attendu que, dans ces contrats de développement de l’innovation, les entreprises bénéficiaires de ces programmes organisent des stages pour les étudiants de l’Université impliquée dans leur élaboration.

L’ensemble des stages, de l’âge de quatorze ans jusqu’à la sortie de l’Université doit être compris comme un parcours de qualification professionnelle permettant l’obtention d’un diplôme professionnel délivré par l’Université. Chaque étudiant devrait donc bénéficier, au sortir de l’Université de deux titres : l’un purement universitaire garantissant sa capacité de chercheur dans sa discipline de prédilection et l’autre garantissant une capacité professionnelle.

Il va de soi, mais sans qu’il soit possible d’en faire une obligation, que le titre purement universitaire et le titre professionnel puissent correspondre afin d’apporter sur le marché du travail des personnes réputées pour leur compétence aussi bien sur le plan théorique que pratique.

3) Recrutement des universitaires et des enseignants en général, retour sur les grades

La formation des universitaires est la question la plus difficile à résoudre. Dans les sociétés post-industrielles, seul le doctorat doit servir de critère de sélection. La difficulté réside dans l’évaluation de la qualité du doctorat les uns par rapport aux autres. Or, dans la tradition et quasi naturellement, les directeurs de recherche se pensent comme les plus aptes à évaluer les travaux de leurs étudiants. Mais cette tendance, tout à fait humaine, est dommageable au niveau de la recherche, car elle aboutit à ce que les mêmes soient juges et parties. Dans ce cas, au lieu d’aboutir à la création d’une équipe de chercheurs solide et motivée, cette tendance produit des clans et des castes où le niveau intellectuel réel, de génération en génération, s’érode irrémédiablement.

Dans les pays où, de surcroît, le recrutement repose exclusivement sur des qualités d’assimilation, de reproduction et de représentation – c’est le cas des concours – ce niveau chute de façon vertigineuse puisqu’il est nul, quant aux exigences de la recherche, dès le départ. Dans tout jugement sur la qualité d’un doctorat, il est nécessaire d’avoir recours, à l’image de la justice, à un tiers parti.

Cela supposerait, pour l’évaluation, des jurys extérieurs au laboratoire, un bilan sur le parcours de l’étudiant pour déterminer ses qualités de coopération dans les différents laboratoires où il fut stagiaire, une prise en compte de ses travaux antérieurs y compris ceux de première année. Autrement dit, le candidat universitaire est évalué sur le degré de maîtrise d’une culture patrimoniale, sur ses capacités à ouvrir des pistes de recherches, sur sa faculté à les offrir à son équipe et à la société et sur l’importance de ses découvertes les plus récentes.

Pour juger au mieux de cette importance, il semble indispensable d’adopter des dispositifs utilisés dans les meilleures Universités : publication d’un résumé du doctorat d’au maximum une centaine de pages, évaluation des échos émanant des lecteurs de cette publication, reçus par l’éditeur– qui doit être indépendant de l’Université –, évaluation des articles critiques publiés dans les revues spécialisées indépendantes et des réponses apportées par le docteur. Mais cela ne peut suffire : il faut aussi que la valeur se maintienne dans la durée ce qui suppose une évaluation – par une commission neutre – des retentissements de ses travaux ultérieurs. Le grade acquis ne saurait donc devenir définitif.

On le devine : l’étudiant en doctorat, candidat au grade de professeur à l’Université, ne contribue pas seulement à enrichir le patrimoine national mais aussi celui de l’humanité toute entière. L’évaluation ne doit donc surtout pas négliger les échos internationaux de tout travail de découverte.

C’est sur cette base que trois grades d’enseignants ont été déterminés : le rang 1 permettant de devenir enseignant dans toutes les écoles non universitaires à condition d’avoir suivi les stages permettant la professionnalisation et d’avoir obtenu la maîtrise ; le rang 2 permettant d’animer les travaux de recherche des étudiants au niveau de la licence ; le rang 3 ouvrant droit à l’animation de la recherche au niveau de la maîtrise et du doctorat. Au sein du rang 3, comme déjà dit, un statut spécial devrait pouvoir être accordé, selon les mêmes modalités d’évaluation, aux découvreurs.

Cette dernière catégorie aurait pour fin de sélectionner les universitaires aptes à travailler dans les pôles d’excellence de la recherche. Ces pôles, rares parce que situés à la pointe extrême des savoirs, devraient par eux-mêmes organiser cette sélection à condition de trouver les modalités garantissant la transparence, c’est-à-dire, de la même façon, grâce, notamment, à des jurys neutres.

4) Universités et aménagement du territoire

Aujourd’hui, dans les sociétés post-industrielles, la recherche théorique purement livresque ne pose plus de problème de répartition sur un territoire grâce à la démocratisation des formes de diffusion dont Internet est l’aboutissement actuel quasi idéal. A condition que la technologie nécessaire à l’usage d’Internet reste accessible, cette démocratisation a atteint son maximum imaginable. Bien entendu, les professeurs restent des guides incontournables pour s’orienter dans une information inégale et considérable, mais cette capacité de guider paraît aisément maîtrisable en tout lieu pour peu que les équipements et le personnel y soient présents.

Ce sont les stages de formation professionnelle qui posent problème. Dans la société post-industrielle, où les services de haut niveau sont la locomotive de l’économie, la répartition territoriale est bien plus souple qu’aux époques où un bassin houiller et la présence locale de telle ou telle entreprise géante concentraient dans quelques régions toute la modernité.

En raison de cette souplesse, les stages d’excellente qualité devraient pouvoir se trouver de plus en plus sur l’ensemble des pays. Mais, naturellement, puisque une répartition parfaitement égale n’est pas imaginable, certaines Universités risquent de ne pas bénéficier de stages aussi qualifiants que d’autres, par exemple celles qui sont déjà insérées dans des technopôles de haut niveau.

Pour faire face à cette inégalité, il faudrait donc instituer la plus grande mobilité des étudiants. Ce serait renouer avec ces « tours » accomplis par les compagnons du grand artisanat et qui leur permettaient d’apprendre dans les meilleurs ateliers. Ce serait également l’occasion d’assimiler d’autres langues par des stages de longue durée effectués à l’étranger.

Cependant, si les Universités deviennent ces « couveuses d’activités nouvelles », réalisant ainsi ce qui fut toujours, en définitive, la destinée de tout savoir ou de toute capacité d’abstraction, elles généreront par elles-mêmes ces pôles d’activité fournissant les meilleurs stages. Au lieu d’être en annexe des nécessités économiques, elles en seront le centre. Les projets de réseau des Universités, leur maillage équilibré sur l’ensemble du territoire, devraient donc prendre en compte ces caractéristiques. Pour y parvenir, un principe doit être maintenu : celui de la carte scolaire sauf pour les rares pôles d’excellence hautement spécialisés et mobilisant des fonds considérables.

B) Universités et formation permanente

1) La formation tout au long de la vie

Les Universités doivent prendre à leur charge tout le recyclage des personnels qualifiés ou en demande de qualification. Cela suppose que les entreprises, les institutions, les services souscrivent à une assurance formation, une sorte de couverture professionnelle universelle, permettant de financer un retour aux études sans baisse importante des revenus.

2) Formation réelle et rythmes scolaires

Le but de l’Université, et de toute école, n’est pas de délivrer un diplôme factice dans un temps minimal mais de s’assurer de la réalité et de la solidité d’une formation. Pour cette raison, un délai exigé dans l’obtention d’un titre n’apparaît pas comme un objectif louable. Ce qui compte est d’évaluer en continu les capacités réelles, par exemple l’aptitude à maîtriser l’ensemble d’un savoir, à le réinvestir ou à assumer un effort de recherche.

Mais il faut être réaliste car, de toute évidence, l’Université ne peut accueillir tout le monde tout le temps. Il faudra trouver des modalités de sortie du circuit universitaire en fonction de cette évaluation. L’institution de la formation tout au long de la vie sera conçue, du point de vue de l’Université, selon des modalités de retour. Ainsi, tout étudiant devrait pouvoir sortir de l’Université selon ses capacités et ses besoins et y revenir selon son parcours professionnel et capitaliser ainsi une formation aussi bien théorique que pratique jusqu’à l’obtention du niveau de diplôme qu’il souhaite et tel qu’évalué par l’Université. Ce qui compte ne serait plus le titre relativement fallacieux mais le degré réel d’efficacité dans la voie choisie.

Pour y parvenir, il faut non seulement un service d’orientation très attentionné mais aussi ménager des passerelles les plus nombreuses possibles entre spécialités. Ce service d’orientation pourrait être animé par les laboratoires de recherche dépendant des facultés de psychologie et d’économie.

3) L’indispensable polyvalence

Tout authentique chercheur a pu percevoir que, à un certain niveau, la polyvalence s’offre à l’esprit comme une nécessité. Pour y parvenir, il serait nécessaire que les facultés adoptent, pour leurs différents laboratoires, des programmes de recherche pluridisciplinaires. Dans cette optique, des concertations entre responsables de laboratoires seraient à prévoir de façon systématique.

C’est en s’engageant dans ces programmes, de façon la plus coopérative possible, que les esprits auront le plus d’opportunité pour s’ouvrir sur des disciplines perçues d’abord comme lointaines. Ce serait également pour certains étudiants la chance incomparable de saisir des passerelles utiles aussi bien pour leur formation intellectuelle que pour leur parcours professionnel.

III. Synthèse et analyses complémentaires

A) Au sujet du cursus

1) niveau de la licence

Ce sont les années de recherche individuelle, n’excluant aucunement des études coopératives, pour la constitution d’une culture complète sur un savoir permettant, ultérieurement ou simultanément un approfondissement autonome.

Les véritables spécialistes des sciences cognitives, par exemple ceux qui travaillent au sein de l’Institut Jean-Piaget de Genève, sauront de quoi il retourne : il s’agira de connaître une structure – un corpus de connaissance - au point de pouvoir la reconstruire et la déconstruire, pouvoir qui est nécessaire pour donner la capacité de l’enrichir de façon ajustée, enrichissement continué qui confère à la structure telle que représentée une cohérence sans cesse refondée et une certaine dynamique. A cet effet, il serait conseillé d’organiser les séances de compte rendu entre groupes d’étudiants et professeurs de façon à ce qu’elle se tienne tous les quatre jours. Le nombre d’étudiants par groupe doit être au maximum d’une dizaine.

Pour l’évaluation, comme déjà écrit d’une autre façon, l’étudiant sera en mesure de présenter des cahiers de bord sur l’état de ses recherches et d’en assurer une représentation orale. Le cahier doit être jugé, au final, à la fois sur un certain degré d’exhaustivité et sur les qualités de représentation de l’étudiant, cette qualité se trouvant, si elle est bien perçue, comme preuve d’un certain degré de maîtrise à l’exemple d’un acteur connaissant et vivant son texte.

Dans cette période de la licence, l’étudiant accomplira des stages rémunérés comme auxiliaire dans les laboratoires et comme éduqué dans une formation professionnelle. Mais il pourrait aussi devenir partenaire coopérant, également rémunéré, dans toute la gestion et l’animation de l’Université. Le principe à suivre, on le devine, est le suivant : la rémunération en contrepartie d’une utilité pour la communauté.

Il n’est aucunement scandaleux que des centaines d’étudiants s’inscrivent en faculté de psychologie ou de philosophie avec un très faible espoir d’obtenir un métier dans ces disciplines. Mais il l’est, scandaleux, de laisser des étudiants rester quatre à cinq années dans ces disciplines sans qu’ils ne puissent acquérir, simultanément, une formation professionnelle beaucoup plus en phase avec le marché du travail.

Inversement, il sera jugé scandaleux de voir des entreprises refuser des emplois à des étudiants issus de ces facultés, ou de telle ou telle autre, en apparence éloignées de leurs besoins en spécialistes comme si une capacité professionnelle résidait seulement dans l’intitulé d’un diplôme.

2) Statut des titres dans la société

- Le triste héritage

Cette obsession du titre est une maladie typiquement française qui s’explique par des raisons historiques. Des concours comme l’agrégation et le CAPES furent conçus par les régimes les plus réactionnaires que la France ait pu connaître ; la Restauration pour le premier, le régime de Vichy pour le second. Les Grandes Ecoles ont également été assises dans le paysage éducatif par les régimes autoritaires notamment par le premier Empire. Le motif initial en était la volonté d’une certaine militarisation du système éducatif à l’encontre des rêves d’éducation mutualiste issus de la Révolution. Avec les grades, il s’agissait d’indurer une bureaucratie fortement hiérarchisée et un discours dominant. C’est le régime de Vichy qui parachève cette militarisation. Nous en sommes toujours, malheureusement, les héritiers.

- Une longue tradition ambiguë

De Bonaparte à Pétain, cette continuité résulte d’une ambiguïté relative à la conception traditionnelle de l’Etat propre à la longue histoire de la France. Là où certains voulaient renforcer l’Etat au nom de l’ordre pour le progrès, d’autres virent, dans ce même renforcement, l’opportunité d’y caser l’aristocratie en installant des procédures de recrutement reposant sur la mondanité c’est-à-dire exclusivement sur des qualités de mémorisation et d’exposition. Une aristocratie spécifique d’Etat s’est ainsi créée, ouverte en priorité aux classes privilégiées.

Plus loin dans le temps, la monarchie absolue, à l’origine conçue pour arbitrer les conflits en faveur d’une nation naissante et contre les Grands, avait été convertie, sous Louis XV et Louis XVI, en instrument de promotion d’une noblesse inapte à s’adapter.

- Les facteurs de son prolongement

Cette tendance devait perdurer dans le gaullisme historique, avec ses étranges visions d’un Etat éclairé placé « au dessus des partis » et elle s’est inscrite, de façon plus inattendue, dans les mouvements populaires à cause de la perversion de l’idéal socialiste par l’étatisme soviétique. Ainsi, aujourd’hui, ce système éducatif frappé d’immobilisme survit en raison de l’étrange complicité des réactionnaires traditionnels et de certaines forces de gauche non encore débarrassées de l’idéologie étatiste.

D’autre part, le patronat français, fasciné depuis des siècles – de Molière à Proust - par la brillance aristocratique, demeuré dans sa masse peu imaginatif et réactionnaire, a perçu dans ces titres une garantie d’accès aux centres du pouvoir et un gage de soumission au conservatisme de ses personnels qualifiés.

En conséquence, une mentalité française caractéristique règne, aisément perceptible par les élites étrangères et, évidemment, par tous les authentiques chercheurs que l’arrogance de certains hauts gradés accablent. Elle explique notamment l’incapacité de la France à revoir son passé, par exemple à mettre à jour l’implication du corps des recteurs, des doyens, des inspecteurs, des proviseurs, de l’administration préfectorale et judiciaire dans l’éviction des enseignants d’origine juive en 1940.

Cette mentalité est à transformer en urgence. Supprimer les Grandes Ecoles, les concours et le système bureaucratique n’aurait donc pas seulement comme vocation d’obliger les entreprises à s’intéresser enfin aux capacités réelles de ses futurs employés mais tendrait à susciter un assainissement des esprits et des rapports sociaux. Dans le domaine spécifique de l’Université, cette transformation conduirait à renverser les valeurs c’est-à-dire à placer enfin les « qualités d’imagination », pour citer Jean Piaget, « avant les qualités d’exposition » ; autrement dit elle en arriverait enfin à éveiller une dynamique de la recherche.

La difficulté majeure, pour adopter ce modèle, réside dans l’obstacle hiérarchique. Reprenons, dans ce contexte, cette image de la militarisation : il est très difficile de demander aux généraux une prise de conscience de leurs incapacités et d’admettre une vitale démocratisation de l’armée. Pourtant, l’incompétence de la hiérarchie militaire s’est traduite par des insuffisances tangibles, de la fin du premier Empire jusqu’aux opérations les plus récentes du maintien de la paix. Le résultat en fut des milliers de victimes sans que la moindre critique ne vienne poindre de la part des élites, même quand furent commis des crimes contre l’humanité, comme à Sétif en 1945 et à Madagascar en 1947. Il a bien existé, un demi-siècle auparavant, ce sursaut de l’opinion quant à l’affaire Dreyfus qui fut une honte à la fois pour la France, la hiérarchie militaire et l’organisation judiciaire. Mais aucune réforme profonde des institutions mises en cause n’a vu le jour.

Dans le cadre du système éducatif, les aspects militaires visibles de l’institution ont été gommés suite à l’évolution des mœurs. Aujourd’hui, pour transfuser dans les jeunes esprits une érudition à la fois partielle et lourde et une bouillie intellectualiste, il ne reste plus qu’une molle bureaucratie dont l’incompétence n’a pas, fort heureusement, de répercussions trop graves sauf celle d’endormir tout esprit critique. Mais, de ce fait, une prise de conscience y demeure encore plus hypothétique.

B) Au sujet des stages en formation professionnelle

Dans ce domaine, la difficulté réside dans une certaine inégalité, car les stages apportent une qualification plus ou moins fiable selon l’entreprise où ils se situent. L’évaluation des stages devrait donc faire l’objet d’une concertation tripartite : étudiants, universitaires et représentants des entreprises. Il devrait en résulter un classement des stages selon leur degré de professionnalisation et une rotation suffisamment rapide des étudiants, dans ces stages, pour que chacun puisse avoir des chances identiques de qualification.

Il va de soi que plus l’offre de stages sera importante, plus ces chances seront multipliées et plus il sera possible de répondre aux demandes spécifiques des étudiants. Il devrait donc être inscrit dans la loi l’obligation par les entreprises de recevoir des stagiaires. Il serait souhaitable que ces stages soient rémunérés sur fonds publiques et sur fonds privés puisque la communauté et l’entreprise concourent alors, en partenariat, à la formation professionnelle. Ces rémunérations pourraient avantageusement suppléer aux bourses et motiver les entreprises à créer des stages vraiment productifs.

C) Organisation et gestion de l’institution universitaire

L’Université élit ses délégués nationaux chargés de défendre, auprès de la Commission nationale de l’Education, ses programmes de formation et de recherche.

La Commission nationale de l’Education se compose de l’ensemble des délégués de toutes les Universités, des représentants de la Nation par l’intermédiaire de la Commission parlementaire chargée de l’éducation et des spécialistes du secteur de l’économie et de la recherche élus par les organisations professionnelles compétentes. Cette Commission élabore un programme national de recherche en fonction d’une stratégie de développement et attribue, de façon délibérée et concertée, un budget - y compris pour la masse salariale - aux délégués nationaux de chaque Université.

Au sein de chaque Université, les personnels et les étudiants élisent un Conseil entièrement responsable dans l’usage de ce budget. Les Universités peuvent se procurer des fonds propres d’origine publique ou privée par la vente de ses savoir-faire ou de ses brevets. Au-delà d’un certain plafond, ces fonds propres sont mutualisés entre toutes les Universités pour aider les Universités défavorisées.

Les Universités peuvent fonder leurs propres entreprises ou aider des entreprises à se développer dans le cadre de contrats de recherche, de formation et d’exploitation de brevets.

La Commission nationale de l’Education se pose comme instance de recours dans les conflits pouvant survenir entre le Conseil qui gère l’Université et ses différents usagers. Dans ce but, elle contribue à l’élection d’instances locales d’arbitrage indépendantes que ses représentants se chargent de présider.

Toute la hiérarchie administrative de l’Education Nationale est supprimée. Les fonctions de représentation et de gestion des établissements scolaires deviennent électives et renouvelables.

Jusqu’à la licence, les Universités recrutent selon un secteur géographique déterminé.

Les Universités se concertent entre elles pour financer des projets de recherche de grande envergure ou à vocation internationale. Ces projets peuvent être impulsés par la Commission nationale dans le cadre d’un programme national de développement.

Les organisations professionnelles élisent leurs représentants au sein du Conseil de l’Université. Elles y indiquent un numerus clausus souhaitable, seulement au niveau de l’entrée en maîtrise, estimé en fonction de l’offre d’emploi dans les secteurs qu’elles représentent mais ce, de façon concertée avec l’ensemble du Conseil et de la Commission nationale. Elles s’engagent à proposer des stages en entreprise et à assurer sa part de formation, pas seulement durant les années universitaires mais tout au long de la vie. Le degré de qualification de ces stages est évalué par le Conseil qui réunit une commission de spécialistes à cet effet.

Les Universités s’engagent à travailler en réseau et organisent une pérégrination de leurs étudiants et des universitaires en fonction de leurs besoins en formations spécifiques. Cette pérégrination utilise toutes les opportunités européennes actuelles et, plus largement, internationales.

Conclusion

L’adoption de ce modèle suppose un vaste projet de réforme s’inscrivant dans la durée. Aujourd’hui, l’Université – et tout le système éducatif - reste sans doute, en France, le bastion le plus redoutable de tous les conservatismes, probablement davantage que dans toutes les autres institutions dont elle fournit les élites.

Une préparation des esprits et une mobilisation de l’opinion seront nécessaires pour aboutir, à terme et simultanément, à la suppression de toute forme de cours magistral ou tendant à l’assimilation d’un discours ex cathedra, à la suppression des Grande Ecoles et des concours, à l’engagement dans une coopération très étroite avec la sphère du travail, à la démocratisation de l’organisation et à l’essor de la recherche.

Dans l’ambiance typiquement chauvine qui prévaut, à la moindre évocation de ces réformes, nous devrons inéluctablement dissiper les illusions sur la prétendue supériorité nationale, souligner à quel point l’étranger trouve ridicule cette arrogance caractérisant nos élites, insister sur la chute vertigineuse de la pensée française sur la scène mondiale, évoquer incessamment les causes de la fuite de dix mille chercheurs par an dont trois mille vers les seuls Etats-Unis, avertir de la formidable montée en puissance des Universités des grands pays émergents auprès desquels la France risque de devenir une puissance d’arrière-plan.

Une telle réforme ne pourra cependant pas se produire sans heurts : certains préféreront probablement jusqu’au bout leur sinécure et leurs prébendes aux intérêts de la communauté nationale, à la promotion de tous et de notre grande culture. En conséquence, il est suggéré de choisir plutôt une stratégie de transformation section par section, faculté par faculté plutôt que tenter de résoudre le problème en une seule fois. Pour aboutir, il nous faudra donc persévérance, courage et réalisme.

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