L’anachronisme scolaire.
Dans les conditions pédagogiques actuelles, il est bien difficile pour l’enseignant de développer comme il le souhaiterait un travail et un suivi approfondi pour chaque élève. Sur le terrain, l’enseignant est en fait pris en tenaille entre des réalités individuelles, diverses, et un dispositif scolaire basé sur une réalité collective d’un autre temps.
L’organisation de la classe, telle qu’elle existe encore aujourd’hui, correspond à l’esprit général d’il y a 40 ans et plus, caractérisé par une culture arbitraire où le fait de se retrouver comme un petit point dans l’ensemble était accepté en préalable.
L’idée de socialisation s’y réduisait au maintien des élèves en rang, puis assis en classe. Ceci, dans un souci de respect à la fois des personnes et du déroulement de l’enseignement, mais aussi, au détriment des causes et des centres d’intérêt personnels que les élèves apprennent assez fondamentalement à taire.
Avec cette évolution, l’usage inopportun de l’autorité en altère la reconnaissance élémentaire.
Et maintenant, c’est le principe d’individualité qui s’est conséquemment développé. D’ailleurs jusqu’à l’excès. Son effet sur la relation qui s’installe entre l’individu et le collectif ne peut plus être ignoré.
Dans ce contexte visant pourtant toujours l’égalité des chances - projet inabouti de démocratiser l’enseignement - la question de l’équilibre entre le projet d’épanouissement des personnes et celui d’une socialisation plus élaborée ne peut plus trouver d’assise.
Il s’y produit pour les élèves, malgré toute bonne volonté, une dynamique ambivalente de confrontation et d’accommodation au modèle qui ne sait plus assez bien valoriser les potentiels différents.
Le résultat depuis quelques décennies contient notamment ce discrédit de la cause collective et de l’esprit de solidarité, du sens citoyen ou sens social, et l’amplification du phénomène de l’individualisation.
Lorsque le dispositif d’une collectivité devient un contre sens pour la personne, celle-ci s’éjecte elle même pour se mettre à l’abri comme elle le peut.
Il serait urgent, à cette époque de distribution culturelle éclatée, où se joue une rencontre inédite des peuples, de revenir à l’objectif de démocratie dans l’enseignement par un projet sensé et constructif aux yeux des générations en devenir.
En Ille-et-Vilaine, le projet d’une pédagogie active et ouverte, centrée sur les motivations de la personne dans les collèges et lycées, maintenant l’accès aux diplômes et l’obligation scolaire, existe avec cette perspective.
Il s’est fondé autour de l’association Ecole35 qui présente maintenant son site : http://ecole-experimentale.fr
Gilles Guyon
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